La vie, n’est pas juste, et c’est comme ça ! Soit, on se roule en boule sous notre couette pour pleurer toutes les larmes de notre corps soit on en tire parti… J’ai choisi. Transformer ses échecs en réussite, c’est possible. Je ne vais pas vous donner de petits trucs “cuculs” qui ne fonctionnent pas ou vous dire qu’il vous suffit de faire la danse de la pluie. Je crois que cette petite histoire sera une meilleure explication que toutes celles que je pourrais vous donner.
RÊVE DE RÉUSSITE
Après le bac, j’ai fait une classe préparatoire et une grande école de commerce. 2 ans de prépa, 3 ans d’école et au milieu une année césure obligatoire…en tout, 6 ans d’études après le bac. J’ai été élevée par un papa chef d’entreprise et une maman infirmière, des gens qui bossaient beaucoup. J’ai occupé des fonctions différentes, responsable marketing, chef des ventes, responsable commerciale. Bref, le commerce je connais. Du moins, c’est ce que je pensais à l’époque. J’ai appris beaucoup…mais en réalité, tout ça m’intéressait si peu.
Au bout de 5 ans en tant que salariée, je me suis dit, que ce n’était pas ce que je voulais. Tant que je serais salariée quelque part, je serais en train de réaliser la vision de quelqu’un d’autre. Et ce n’était pas ça mon grand rêve ! Ceci étant dit, celui que j’ai aujourd’hui, 10 ans après, est bien différent (mais ça, c’est une autre histoire). Si je voulais réaliser ma propre « vision » il fallait que je crée une entreprise. Je ne savais pas trop par où commencer, que créer alors, j’ai choisi ce qui ressemblait à l’époque à la solution de facilité. J’ai décidé de racheter un commerce. 1ère erreur ! J’imagine, que ça n’en est pas systématiquement une, mais dans mon cas, ça l’était. La mise de départ était beaucoup trop importante. J’aurais pu partir de 0 avec beaucoup moins…et du coup même si j’avais fait faillite, j’aurais donc perdu beaucoup moins.
L’OPPORTUNITÉ
J’ai cherché…jusqu’à ce que cette formidable opportunité vienne à moi. Un jour, alors que je passais à la caisse de mon magasin préféré, le commerçant m’a dit :
– « Tu es bien la fille de … ? C’est toi qui cherche un commerce à acheter ? »
– « Oui, c’est moi. Oui, je suis à la recherche d’un magasin » 2ème erreur !
(Je sais avec le recul, que c’était un très mauvais plan, de me lancer dans un business en étant la fille de …Bien sûr nos parents ont leur fans, mais ils ont aussi tous, des détracteurs qui n’ont jamais eu le courage de les affronter et se font un plaisir de s’accorder une petite vengeance mesquine sur nous !!!!)
– « J’ai une super affaire pour toi ! »
Il avait raison, il était de bonne foi. Et jusqu’à ce jour, je pense qu’il a voulu m’aider. Je ne savais pas encore lire un bilan et un compte de résultats. Enfin, oui, je savais. A Sup de Co, on nous apprend à faire tout ça. Mais ce qu’on ne vous apprend pas, c’est à lire entre les lignes et que quand on veut vendre il vaut mieux avoir des chiffres avantageux. A la lecture des documents, tout était parfait. J’avais trouvé ma boutique, celle qui serait le point de départ de ma fulgurante ascension.
SAISIR L’OPPORTUNITÉ
Je n’avais rien. Pas le premier cent d’économie…je ne fais pas partie de ces femmes-écureuils-raisonnables qui mettent des deniers de coté chaque mois. Non, à cette époque, je profitais joyeusement de mon salaire (pas mirobolant d’ailleurs !) pour m’acheter, vêtements, sacs, chaussures et toutes ces autres choses qui me faisaient du bien au moral ! Je suis donc allée voir mon papa…lui-même entrepreneur multi récidiviste, pour lui présenter mon projet. Et il a accepté de me donner 7000€ qui me serviraient de capital pour monter ma 1ère entreprise. Mais ce n’était qu’une goutte d’eau dans la mer, j’avais besoin de bien plus que ça, il fallait 60 000€ pour acheter le fond de commerce, 80 000€ pour acheter le stock…et de l’argent pour acheter la nouvelle collection ! Fichtre, mais ou allais-je bien pourvoir trouver cet argent ??? Beeeeeen, je n’avais pas le choix, il fallait aller voir une banque et emprunter.
ENCAISSER GALÈRES & DIFFICULTÉS
Seigneur, si j’avais su… ! Je crois que j’ai vu une dizaine de banques. J’ai expliqué et réexpliqué mon projet. J’allais racheter une boutique qui avait 15 ans, qui fonctionnait, était connue, je gardais le personnel. 3ème erreur (quand vous débutez dans une aventure économique il vaut mieux vous assurer la loyauté de ceux qui vous entourent en recrutant des personnes qui partagent votre vision du business). Aucune banque ne voulait me le prêter, cet argent ! J’avais tellement honte chaque fois qu’après m’avoir demandé de fournir 10 000 pièces, un conseiller me disait « on ne vous suivra pas Madame ». Pour certains j’étais trop jeune, pour d’autres je n’avais pas d’expérience, pour d’autres encore, je n’avais pas suffisamment de garanties…il y en a même un, plus audacieux que les autres, qui m’a dit que sa hiérarchie et lui détestaient mon père et qu’ils n’allaient certainement pas me prêter un centime…Mais pourquoi me demander de déposer un dossier alors ???
Mais, je suis entêtée, au terme de près d’un an de recherches infructueuses…le Graaal ! J’ai trouvé une banque qui a accepté de me financer.
L’ILLUSION DE LA REUSSITE
Youhouuuu, c’était le début de la gloire. J’étais si enthousiasmée par le tourbillon du début, que je ne n’ai pas vu. Je n’ai pas vu que quoi que je fasse, je serais toujours dans les souliers de l’ancienne propriétaire. J’avais mon style à moi, alors je faisais les collections en fonction…mais les clientes continuaient de chercher sa patte. Mon employée regardait avec circonspection ce que j’entreprenais et me comparait secrètement à elle…c’est tellement humain. 4ème erreur !
Plus la personnalité du manager de l’affaire que vous achetez est atypique plus il sera compliqué de le faire oublier…parfois, vous n’y parviendrez jamais. Pas à cause de vous, pas à cause de l’autre, juste parce que l’homme est un être d’habitudes. Et c’est encore plus vrai lorsque vous vendez un produit haut de gamme.
Le temps passe. J’arrive à mener ma barque, ça va. Et patatras ! Début 2009 la Guadeloupe est secouée par de violents mouvements sociaux. 2 mois de grève générale. Mais pas, « un peu générale »… « GÉNÉRALE », tout est fermé, partout. Ma Guadeloupe traverse une crise identitaire, et mon entreprise une crise financière. Alors que l’île est paralysée, personne n’aura l’idée de s’acheter un petit bracelet en diamants ou une paire de sandales hautes en cuir d’anguille ! Deux mois sans rentrer 1 seul € rien, pas un centime. Mais je continue à payer …loyer, fournisseurs, salaires. 5ème erreur, Je n’aurais pas dû ! D’autres chefs d’entreprises, plus avisés, ont suspendu tous leurs paiements, ont mis leurs équipes en chômage technique ont demandé des échéanciers…pas moi.
LE DECLIN & L’ECHEC EST LÀ
C’était, déjà à cette époque-là, le début de la fin. Ma société n’avait que 6 mois, je ne le savais pas, elle était déjà en sursis…Bref, je vous passe les détails, de l’argent réinjecté, des nuits blanches à me demander comment j’allais payer, des salaires payés avec mon chéquier personnel, des vols et autres disparitions des fichiers clients et autres carnets d’adresse, et de toutes les maladresses que j’ai commises par ignorance.
3ans et demi après sa création, ma société devait déposer le bilan. J’étais là dans un tribunal, le cœur lourd face à ce si cuisant échec. Dans la pièce, il y avait un juge et d’autres personnes, je ne sais pas trop bien s’il s’agissait d’huissiers, de notaires pffff mais ça n’avait plus d’importance.
J’étais face à ces gens qui n’avaient jamais géré une société de leur vie, et je devais justifier sous le regard de mon employée, mes décisions de gestion. La honte, l’humiliation…la trépanation
Pendant quelques temps j’ai porté ces trois sentiments comme des pendentifs, accrochés à mon cou…J’avais tout perdu ; l’argent de mon papa, ce que j’avais emprunté…je continue d’ailleurs 7 ans après ma faillite à payer des dettes contractées du temps de ma boutique.
IL N’Y A QUE LES LOOSERS QUI N’ÉCHOUENT PAS, PARCE QU’ILS N’ESSAIENT PAS !
Et puis…parce que finalement, je ne sais qu’avancer, j’ai avancé. J’ai créé, une autre société. Et j’ai fait le voyage initiatique de ma vie. Je suis partie à Chicago suivre une master class ! Le choc ! J’ai certes appris des choses, mais j’ai surtout rencontré des « américains ».
Ils voient la vie tellement différemment de nous ! Dans ma salle de cours, il y avait des gens qui avaient été millionnaires, avaient tout perdu, étaient devenus clochards…puis, de nouveau, riches. Ils ricanaient tous, quand je leur racontais mon histoire. Pffff, pour eux, c’était du pipi de chat ça. Il fallait avancer et transformer l’essai avorté en un avantage concurrentiel !
L’ÉCHEC PORTE LES GERMES DE LA RÉUSSITE
Mais bien sûr ! Ils avaient raison ! Je n’y avais pas pensé. Bien sûr. Alors en plus de cette société que j’avais créée, j’en ai créée une autre. Je me suis mise à faire de la formation pour des entreprises et des particuliers & comble des combles du conseil. J’accompagne -entre autres- des managers sur des problématiques de gestion de crise, des concepts de création de marque, de la prise de parole en public etc… Et je suis capable de faire tout ça en regardant mes clients dans les yeux et en utilisant l’un de mes meilleurs arguments de vente : « ma première société a fait faillite », mes compétences ont été mises à l’épreuve de la Vraie Vie. Aujourd’hui, je suis crédible parce que mes succès sont directement hérités de mon échec.
Et puis, quelle bénédiction cette faillite. Sans elle, je serais encore enfermée dans ma galerie sombre et je n’aurais jamais déployé mes ailes. J’étais enfermée dans quelque chose de trop étriqué pour moi. La vie s’est chargée de me le faire comprendre brutalement. Je réalisais le rêve de quelqu’un d’autre, je l’ai planté. Et moi avec !
Est-ce que j’ai mérité la succession d’échecs que je viens de vous raconter ? Je n’en suis pas certaine.
Est-ce que j’y ai fortement contribué en faisant des erreurs ? Oui !
Est-ce qu’il y a eu sur la route des gens pour m’aider ? Oui, il y en a eu !
Est-ce qu’il y en a eu d’autres pour ricaner doucement de ce qui m’arrivait ? …Oh certainement !
Mais c’est pas bien grave…je ne suis pas vengée (contre qui ? contre la vie si injuste ?) ?.Je fais pire…je réussis (parce que parfois l’injustice de la vie…joue en notre faveur)
Est-ce que vous vous donnez l’opportunité de réussir ? Combien d’échecs avez-vous vécu ? Du coup, combien de grands succès vous attendent ? Quel crapaud avez-vous transformé en prince (évidemment c’est une métaphore, le crapaud c’est l’échec, le prince la réussite !)