LE PROGRÈS EST AU DELÀ DE NOTRE ZONE DE CONFORT…MÊME EN AMOUR !
LA NAISSANCE DU CHATON
Quand elle était née, tout le monde avait dit
-« Hooooooo ! quel adorable chaton ! »
Ses parents, trop heureux d’avoir ce merveilleux bébé couleur soleil, l’avaient présenté aux fées qui devaient être ses marraines.
Comme le voulait la coutume, celles-ci s’étaient pressées autour du magnifique couffin. Un couffin comme on n’en fait plus ! Il était rempli d’une surabondance de volants en broderie anglaise. En 2018 aucun pédiatre ne laisserait des parents commettre un telle hérésie ! La broderie, la dentelle, les frous-frous, sont des nids à acariens et à bactéries…Heureusement, elle était née à cette époque bénie ou les mamans avaient le droit d’être totalement inconscientes et superficielles !
Au milieu de cette débauche de volants, l’adorable chaton dormait. Elle était si mignonne, son petit nez insolent, sa bouche ourlée ( je crois que pour un chat on dit gueule) et puis cette couleur fauve !!! Tout était parfait. Pour parachever ce joli tableau, il ne manquait plus à ses marraines qu’à lui accorder un don.
LES DONS DE SES MARRAINES
Sa « marraine céleste », s’avança en premier. Elle s’agenouilla près du couffin et dit de sa voix aérienne :
-« Précieuse filleule, tu auras des mains en or et un cerveau turbulent pour les guider”
Lorsque ce fut au tour de sa « marraine nymphe des eaux », elle se pencha au-dessus du couffin pour poser sa main sur le cœur du petit félin et dit :
-« Ma douce filleule tu feras vibrer ceux qui te croiseront »
Et enfin, sa marraine terrestre s’approcha de sa démarche chaloupée, elle la pris dans ses bras, la serra contre son sein, l’enveloppant de son odeur de” chodo”, cette boisson lactée qui accompagne les gâteaux , des baptêmes, communions et autres mariages guadeloupéens. Elle tourna sur elle-même en dansant avec le chaton dans les bras et lui dit :
-“Chéri-lanmou, chéri-doudou, ……, parce qu’il faut au moins ça pour affronter l’immense vie que tu vivras, mais ça restera entre toi,… et moi”.
Tout le monde était médusé ! Quelle grossièreté, la marraine terrestre avait chuchoté son don au creux de l’oreille du petit animal. Personne n’avait jamais vu ça, de mémoire de chat, ça ne s’était jamais fait. Normalement, la marraine, fière de son cadeau « offrait son don » à haute et intelligible voix. Elle le hurlait presque, afin que chacun sache de quelle bénédiction serait comblée l’enfant.
La marraine regarda tout le monde dans les yeux, montrant bien à chacun, qu’elle n’avait cure de ce qu’il pensait de son attitude et repartit en laissant derrière elle son sillage de chodo …
SA VIE COMBLÉE…
Le temps passa, la vie courait tantôt comme une biguine, tantôt comme une mazurka…mais toujours en rythme. Et le chaton grandissait…comblé de ses bénédictions…
Personne ne lui apprenait à « faire », elle transformait ce qu’elle touchait en œuvre d’art, qu’il s’agisse du morceau de tissus, de farine et de sucre, de planches ou du clavier d’un ordinateur. Ses doigts étaient des baguettes magiques, et son cerveau une espèce de boite noire qui parvenait à transposer les savoirs du bricolage à ceux du jardinage etc… Le don de sa marraine céleste …
D’abord attirés par ce qu’elle réalisait grâce à ses mains, des gens vinrent à elle. Et puis surpris par la teneur des échanges qu’ils avaient avec elles, ils restèrent. Elle était de ces personnes qui vous inspirent, qui disent une phrase qui peut changer votre vision de la vie, qui rendent passionnants les sujets les plus mortels de cette planète. Celui qui doutait, voyait dans ses yeux une nouvelle image de lui-même…un reflet qui osait. Elle faisait briller l’autre, faisait vibrer les cordes qui n’osaient pas s’avouer leur propre existence…
Sa marraine nymphe des eaux, lui avait donné le don d’allumer l’étincelle chez ceux qu’elle croisait.
Elle n’était plus un chaton, elle était devenue une superbe chatte. Un félin magnifique au port altier, elle avait tenu toute ses promesses. Mais elle ne parvenait pas à garder l’amour.
L’OMBRE
Oh, elle en avait rencontré des chats : des beaux, des grands, des riches, de bonnes familles, intelligents…mais jamais ils ne restaient. Ils ne la comprenaient pas. Ou peut-être était-ce elle qui ne les comprenait pas. Lorsqu’elle jouait, ils hurlaient douleur au motif que ses griffes étaient trop acérées. Quand ils se baladaient, ils trouvaient qu’elle prenait trop de place et qu’exister à côté d’elle était difficile. Quand elle leur proposait de chasser des cerfs, ou des sangliers, ils lui disaient de revenir sur terre. Elle était un chat et les chats, ça chasse des souris.
Le temps continuait de passer tantôt comme un air de gospel, tantôt comme un morceau de dancehall. Et la vie, se mit à la balloter à la frapper. Elle eut mal, geint dans son coin. Mais, Chaque fois, elle se relevait, plus forte, encore plus décidée à chasser le cerf et le sanglier.
CETTE RENCONTRE !
Puis un jour, au détour d’une promenade avec une amie, elle rencontra un éléphant. Il était majestueux, il avançait calmement mais faisait trembler le sol à chacun de ses pas. Il n’avait pas besoin d’en faire des tonnes pour qu’on le remarque. Immobile, plongé dans une obscurité silencieuse, on ne voyait que lui. C’était la première fois qu’elle voyait un animal pareil. Évidemment…les éléphants étaient en voie d’extinction !
Intriguée, elle avança vers lui. Elle le regardait, il se passait quelque chose. Il la fixait calmement, comme s’il avait toujours su qu’elle viendrait. Elle avançait…son cœur s’emballait, elle l’aimait. Mon Dieu, elle n’y était jamais parvenue avec un mâle de son espèce que serait-ce avec le pachyderme ?
-« Bonjour… » dit elle
– « Bonjour Tigresse, je t’attends depuis toujours… »
Tigresse ? Le pauvre, il ne voyait pas bien ? Ou peut être que dans la savane il n’avait jamais vu de chat, alors il l’avait prise pour une tigresse !!!
-« Je suis une chatte, je suis désolée… »
-« Regarde-toi dans la vitre qui est derrière toi et dis moi ce que tu vois ? »
Sceptique, elle se retourna et tomba nez à nez avec une tigresse. Elle avait toujours ce petit nez insolent, sa jolie bouche ourlée, sa somptueuse couleur fauve. Mais ses pattes …ses pattes, elles étaient énooooormes et terminées par d’immenses griffes acérées. Sa tête était carrée, un tête de molosse, en plus gros. Et puis elle avait de grosses rayures sur tout le corps. C’était donc vrai ! Elle était une tigresse, personne ne le lui avait dit, elle ne s’en était pas aperçue. De grosses larmes roulèrent sur ses joues. Que de temps perdu, que d’actes manqués…comment tout rattraper. Et pendant qu’elle contemplait ce nouveau reflet elle entendit la voix de l’éléphant derrière elle. Il était aussi là, dans la vitre qu’elle regardait. Dans cette vitre ils étaient deux….
– « Viens avec moi, épouse moi, tu seras heureuse avec moi…je te le promets »
– « Tu crois ?» dit-elle en le regardant au-delà de ses tout petits yeux. « Si tu veux que je t’épouse, il faudra que tu t’y prennes un peu mieux que ça hein !!! ». A ce moment elle était déjà son épouse, elle avait déjà dit « pour la vie »
LA TIGRESSE & L’ÉLÉPHANT
Ils se marièrent…et tout au long de ce chemin qu’ils parcouraient ensemble, elle découvrit que cette alliance métisse était la plus belle aventure de sa vie. Désormais, elle pouvait jouer avec son partenaire. Il avait la peau si épaisse qu’elle pouvait le caresser de ses pattes « griffues » sans risquer de le blesser. Elle pouvait se rouler en boule entre ses jambes sans risquer de le déséquilibrer ou de le faire tomber. Ils avaient désormais tous les deux le droit d’être faibles, parce que l’autre était si fort …Quand elle avait besoin de voir plus loin, elle pouvait monter sur son dos, et quand l’envie lui prenait de chasser le cerf, il lui disait
-« Tu sais que les tigres peuvent attraper des buffles, pourquoi tu te contenterais d’un cerf ? »
Ce jour là sa marraine lui avait murmuré à l’oreille :
– « Chéri-lanmou, chéri-doudou, tu seras un grand fauve et non un vulgaire félin domestique, parce qu’il faut au moins ça pour affronter l’immense vie que tu vivras, mais ça restera entre toi,LUI et moi.
Votre partenaire, est-il de la même espèce que vous ? Vous n’en avez pas ? Avez-vous Regardé au delà du troupeau ? Quel couple d’animaux êtes vous ?